La loi d'avenir exige sa mise en oeuvre au 1er janvier 2016 Mettre en place la traçabilité phytos
Les numéros de lots et les dates de fabrication des produits phytos devront désormais être intégrés aux registres de ventes des distributeurs. Un changement conséquent pour les distributeurs, sur le plan financier mais aussi organisationnel.
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L'article 53 de la loi d'avenir agricole est clair : « Afin d'en assurer la traçabilité, les (distributeurs) conservent pendant une durée de cinq ans un document mentionnant les quantités, les numéros de lot et les dates de fabrication des produits phytopharmaceutiques qu'ils distribuent. » Pour la distribution à des utilisateurs professionnels, « ces données figurent dans le registre de leurs ventes ». Et ce, au 1er janvier 2016. La profession, d'une même voix, a eu beau dire que les délais étaient impossibles à tenir, c'est inscrit. « On ne va pas le faire à la main, exprime Vincent Magdelaine, directeur de Coop de France Métiers du grain. Il faut un système de lecture optique. Le système existe, on y travaille depuis plusieurs années, c'est le SC Trace (lire encadré). Nous ne sommes pas démunis, il nous faut juste un peu de temps. » Interrogé sur le sujet début novembre, Patrick Dehaumont, à la Direction générale de l'alimentation, déclarait : « Nous allons caler la politique de contrôle en fonction de la montée du dispositif. » En pratique, « il y deux composantes de la traçabilité, explique Bruno Prépin, chez Agro EDI Europe qui piloteSC Trace. Une information physique, et un flux informatique, le message EDI ». L'EDI (échange de données informatisé) définit un échange d'informations automatique à l'aide de messages standardisés. « Tout au long de la chaîne, du fournisseur à l'agriculteur, l'information doit pouvoir être lue, que ce soit sur le bidon, le carton ou la palette. Et un message EDI accompagne tout cela », ajoute Bruno Prépin. SC Trace travaille aussi bien sur les aspects informatiques que sur la normalisation des codes 2D (Datamatrix) sur les produits, qui est en train de se mettre en place dans les firmes.
Tracer en amont, la solution la plus choisie
Quid du distributeur dans tout ça ? « Trois solutions sont possibles », fait part Marie-Laurence Havard, responsable QSE du réseau Agrosud, dont fait parti le négoce JEEM. Première possibilité, mettre en place la traçabilité en sortie : chaque magasinier, lors de l'enlèvement ou de la livraison à l'agriculteur, relève sur chaque bidon de produit les numéros de lot et les dates de fabrication, et les associe aux quantités concernées. « Mais, à part pour des toutes petites structures, c'est difficilement viable sur le long terme », ajoute Marie-Laurence Havard. « Dès qu'il y a plusieurs dépôts, plusieurs magasiniers, cela devient très compliqué de tout faire en sortie, sans parler des périodes de pointe », abonde Stéphanie Desgland, responsable du pôle réglementaire, chez Actura. Deuxième solution, la plus populaire : tracer en amont. Pour cela, il faut relever les informations lors de la réception des produits chez le distributeur. Ils seront intégrés dans l'outil informatique, et en sortie, le magasinier n'a plus qu'à sélectionner les lots qu'il va prélever dans les stocks. « C'est un vrai gain de temps, note Marie-Laurence Havard. Cette solution serait a priori la plus choisie. Et les investissements se limiteraient au dépôt central, ce qui serait plus économique. »
Autre avantage, la possibilité de recevoir les numéros de lots et les dates de fabrication directement dans l'outil informatique, via l'EDI, ce que propose par exemple Actura.
Enfin, troisième solution, associer un numéro de lot à un emplacement dans le stock, lors de l'entrée des marchandises. « Cela nécessite beaucoup de place, cette solution s'adresse plutôt à des centrales d'achats », estime Marie-Laurence Havard.
Changer les habitudes de travail
En tout cas, peu importe la solution choisie, elle va impacter l'organisation de travail des magasiniers. Plus question désormais, pour les conseillers de prendre un produit et de faire un bon manuellement après. Un aspect à ne pas négliger. « La partie organisation est lourde à faire évoluer », avertit Stéphanie Desgland. Et quand les codes-barres seront prêts, il s'agira de pouvoir les lires, d'où la nécessité de s'équiper, en douchettes ou autres, mais pas tout de suite : « On a invité les entreprises à roder le système, notamment les aspects organisationnels, avant de s'équiper », relate Stéphanie Desgland. La traçabilité va représenter un investissement conséquent en temps, et en argent pour les distributeurs, mais avec des retombées positives, comme l'optimisation de la logistique, et de la gestion des stocks.
Marion Coisne
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